La Scientothèque, l’innovation pédagogique au service de l’égalité

Deux écoles de devoirs à Bruxelles, des expériences à réaliser en classe, des formations pour le corps enseignant, des stages pendant les vacances, des ateliers hebdomadaires pour les jeunes… Adressées aux jeunes de 4 à 20 ans et aux professionnels de l’éducation, les activités de La Scientothèque prennent mille et une formes. Depuis 2001, l’association embarque petits et grands à la découverte d’une multitude d’univers.

 

Plus précisément, l’association s’est surtout donné pour mission d’utiliser la méthodologie STEAM (sciences, technologies, ingénierie, arts et mathématiques) comme facteur d’accès à l’éducation, d’inclusivité et d’émancipation pour réduire, à sa manière, les inégalités sociales et prévenir le décrochage scolaire. 

 

Sur le terrain, l’équipe opérationnelle et les bénévoles donnent des ateliers pratiques, conçoivent du matériel pédagogique inédit et mènent des projets en collaboration avec les  communautés scientifique et enseignante. En créant des espaces pour expérimenter, coopérer, questionner, l’ASBL bruxelloise permet aux élèves de s’impliquer dans leurs propres apprentissages et d’acquérir un véritable savoir-faire, scientifique et technique, certes, mais également de nombreuses compétences transversales à exploiter en classe et en dehors. 

 

Pour illustrer toute la richesse d’un tel projet, on a rencontré Patricia Corieri, fondatrice et actuelle directrice de La Scientothèque.
On vous explique tout.

Tout commence sous le soleil de Californie. A l’occasion d’un voyage familial, Patricia Corieri, docteure en sciences appliquées, découvre avec son jeune fils toute la richesse et l’originalité de l’offre des musées scientifiques américains. Leur vision plus expérimentale et pratique de la pédagogie scientifique l’inspire profondément. A son retour, elle souhaite proposer une approche similaire basée sur la pédagogie active en Belgique à travers la création d’une ASBL, La Scientothèque.

 

Au cours de sa réflexion, Patricia fait néanmoins face à deux constats. Premièrement, à l’époque, la pédagogie active semble davantage réservée aux enfants issus de milieux favorisés, privant ainsi toute une partie de la population d’avoir accès à des opportunités “d’apprendre en faisant”. Deuxièmement, le décrochage scolaire des élèves concerne principalement les mathématiques et les sciences. Très vite, le projet de La Scientothèque s’inscrit alors naturellement dans une stratégie de réduction des inégalités scolaires et de prévention contre le décrochage à travers une expérimentation créative des sciences.

 

Au fur et à mesure, les projets se développent, l’exploration de nouvelles thématiques scientifiques et technologiques se poursuit, l’équipe s’agrandit, les jeunes participent de plus en plus aux ateliers, les enseignantes et les enseignants sont de plus en plus séduits. La machine est en marche.

 

En 2025, La Scientothèque propose une petite dizaine de projets différents à destination des jeunes et des professionnels de l’éducation offrant des activités pédagogiques STEM comme ESERO pour découvrir l’espace en classe, STEMentiel!, le hub éducatif dédié à la démarche STEM, la Rentrée des Sciences, la plateforme de découverte de la démarche STEM ou encore SteamCity, pour découvrir comment les sciences et technologies transforment les villes et les sociétés.

Les élèves aux commandes de leurs apprentissages 

Parmi les pierres angulaires de ces projets, nous retrouvons notamment une expérience éducative différente, qui mise sur les atouts de la pédagogie active et le développement des compétences du 21e siècle. Grâce à cette méthodologie, les activités de l’ASBL mettent concrètement les élèves aux commandes de leurs apprentissages.

 

A la Scientothèque, peu importe le sujet abordé, on expérimente, on cherche, on manipule, on se trompe et on recommence jusqu’à ce qu’on puisse trouver une solution. Une approche « hands-on » qui permet de replacer la notion de plaisir au cœur des apprentissages, de révéler le potentiel de chacun et de développer de multiples connaissances.

 

Patricia explique “Grâce au ‘problem-based learning’, les jeunes développent une mobilité d’esprit et une tendance à résoudre les problèmes qui sont complètement transposables dans la vie et qui dépassent le cadre scolaire. Apprendre à chercher les différentes possibilités en sciences, continuer à réfléchir et à trouver une solution même si tu bloques quelque part, ça t’apprend à poursuivre tes efforts.”

Patricia Corieri, docteure en sciences appliquées, a fondé La Scientothèque en 2001.

Parce que la relation au savoir se transforme petit à petit, très souvent, la posture des élèves change également positivement : la motivation revient, les talents s’expriment, la confiance s’installe. Il arrive même que des jeunes en situation de décrochage ou d’échec se découvrent et apprennent autrement à travers les différentes activités.

Elisabeth et Layla, responsables pédagogiques, aux couleurs de La Scientothèque sur un événement

Le monde académique comme point d’ancrage

Autre élément constitutif de son identité, La Scientothèque adopte depuis toujours une approche universitaire dans la construction de ses activités. Qu’il s’agisse d’aborder la biodiversité, l’intelligence artificielle ou l’électricité, l’équipe pédagogique, elle-même scientifique de formation, met un point d’honneur à expliquer un contenu à partir de sources académiques pour ensuite l’adapter au niveau de l’élève.

 

Patricia poursuit : “En sciences, souvent, le plus compliqué, c’est de pouvoir rendre la matière accessible à un public précis. En dépit de l’intérêt avéré des sciences, il manque cruellement de ressources, car il faut pouvoir ‘descendre la complexité’ d’un phénomène scientifique, le rendre compréhensible. L’une des richesses de notre méthodologie, c’est ce réflexe que nous avons de toujours proposer des ressources qui expliquent le contenu d’une matière, au-delà même du fait de propager simplement une idée. Nous partons également toujours d’un niveau universitaire pour l’adapter au niveau de l’élève, ce qui exige un énorme travail en coulisse. De manière très concrète, les manipulations que nous proposons aux élèves sont de vraies manipulations de chercheurs simplifiées, c’est donc de la vraie science ancrée dans le réel.” 

Observer, formuler une hypothèse, expérimenter, interpréter, vérifier… À travers ces activités, les jeunes sont encouragés à adopter une démarche scientifique rigoureuse. Très engagée dans l’éducation de publics plus vulnérables, l’ASBL, partiellement abritée sur le campus de l’ULB, souhaite également grâce à son attachement universitaire ouvrir le champ des possibles, encourager à effectuer études supérieures ou susciter des vocations.

 

Une expérience sur mesure pour soutenir le corps enseignant

Tout au long de l’année, l’équipe écoute, forme et renseigne également toutes les personnes qui encadrent l’apprentissage des jeunes à travers leurs activités, comme les enseignants ou les animateurs en écoles de devoirs. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à La Scientothèque tout est pensé pour durer !

 

Soucieuse de pouvoir pérenniser les compétences acquises pendant les formations à destination des professeurs, La Scientothèque a affiné au fil du temps un véritable écosystème de formations qui facilite l’appropriation et la réutilisation des contenus au-delà du temps d’apprentissage. Leurs ressources STEAM gratuites et accessibles en ligne permettent d’aborder en classe d’innombrables thématiques; un helpdesk téléphonique disponible tout au long de l’année permet à chaque prof ou personne accompagnante de poser ses questions, de partager ses besoins et de recevoir des conseils adaptés; sans compter l’accès à des conférences scientifiques et des communautés d’entraide en ligne.

 

Cette protocolisation systématique de leurs contenus de formation permet à La Scientothèque de rendre accessible et de diffuser ses ressources à un plus grand nombre, mais également de rester à l’écoute des réalités du terrain et de soutenir les enseignants dans leurs projets STEAM sur le long terme. Ces nombreuses ressources constituent de véritables leçons “clé en main”, alignées aux référentiels sciences, maths et FMTTN afin de simplifier l’enseignement de ces matières.

 

La Scientothèque, une recette qui fonctionne 

Grâce à leurs différentes actions, ce sont pas moins de 6 300 jeunes et 450 professeurs que l’association a impactés, directement ou indirectement en 2024. Au-delà des chiffres, les témoignages que l’équipe reçoit du corps enseignant, des élèves et des participants ne tarissent jamais d’éloges. Et beaucoup de profs confient d’ailleurs continuer à consulter les ressources, reproduire une manipulation en classe ou même utiliser du matériel vu en formation des années auparavant.

 

Une méthodologie bien pensée, d’innombrables ressources clé en main, un helpdesk, la capacité à encourager les élèves à s’interroger toujours plus face à une expérience, la participation des enseignants aux différents projets, l’enthousiasme que suscitent les activités projets de La Scientothèque s’explique facilement. 

 

25 ans d’actions contre les inégalités scolaires

Avant de conclure notre entretien, on s’interroge sur les futurs projets de La Scientothèque, sur les outils qu’elle désire créer, sur les domaines qu’elle souhaite expérimenter. Des idées, elle en déborde, comme toujours. Malheureusement, le contexte politico-économique bouleverse négativement certains secteurs, dont l’associatif, ce qui empêche actuellement l’ASBL de concrétiser de nombreuses ambitions. 

 

L’année prochaine, La Scientothèque célèbrera ses 25 ans. D’un voyage aux États-Unis est née une association qui n’a cessé d’évoluer et d’innover depuis sa création. Grâce aux efforts conjoints d’une équipe passionnée par les sciences, de bénévoles, d’enseignants qui participent activement à l’amélioration des programmes et des outils, mais également grâce aux participants qui rejoignent chaque semaine un stage ou un atelier. Fidèle à son ambition de départ, La Scientothèque parvient à réconcilier les jeunes de tout horizon avec le plaisir d’apprendre les sciences à travers la créativité et l’expérimentation.

 

Un excellent travail scientifique, un engagement et une implication en faveur d’une éducation plus juste qui ont été récemment salués. L’ASBL a en effet obtenu le Prix UNESCO des TIC dans l’éducation, en reconnaissance de la grande qualité de leurs ressources, ainsi que le Prix de la Fondation Reine Paola, pour ses actions en faveur de la formation des jeunes issus de milieux défavorisés.

Envie de solliciter l’expertise de La Scientothèque pour découvrir les STEAM autrement ?

Bonne nouvelle !

Le 21 janvier prochain aura lieu une formation consacrée à l’intégration d’activités numériques en classe reconnue par l’IFPC à destination des enseignantes et des enseignants.