Depuis 2013, Teach for Belgium lutte contre les iniquités scolaires en formant et accompagnant de nouveaux enseignants. En visant les matières en pénurie (mathématiques, sciences et néerlandais langue étrangère) dans les écoles les plus défavorisées du pays, l’asbl se donne pour mission d’assurer à chaque élève les mêmes chances de réussite, quelle que soit leur origine socio-économique.
Quelques jours après la rentrée scolaire, Be education a rencontré Nada Al-Kadi, enseignante, responsable communication de Teach for Belgium et ancienne participante du programme, pour une discussion autour de ce qui fait le succès de l’asbl.
1/ Bonjour Nada ! Une nouvelle cohorte a suivi votre programme de formation cet été et les 38 participants ont commencé à enseigner à la rentrée. Comment se concrétise ce programme ?
Chaque année scolaire, une nouvelle cohorte est sélectionnée, formée et accompagnée pendant deux ans pour enseigner les matières en pénurie dans les écoles à indice socio-économique faible. Durant l’été, les participants ont cinq semaines de formation intensive, qui leur permet d’être moins démunis dès la rentrée. Nous ne cherchons pas à remplacer la formation initiale, certains d’entre eux ont d’ailleurs déjà le titre pédagogique. Notre formation est plus axée sur les iniquités scolaires, les outils de gestion de classe et la posture à adopter en tant qu’enseignant.
À la rentrée, ils commencent directement à enseigner, à priori à temps plein, dans une école à encadrement différencié. Pendant deux ans, ils sont alors accompagnés par un tuteur, qui vient les observer une fois par mois et suivent également six journées de formation par an.
À la fin de ces deux années, ils deviennent alors des alumni et certains décident de rester en classe, d’autres prennent une autre voie dans l’enseignement ou font totalement autre chose. L’équité scolaire se fait à plusieurs niveaux, nous les encourageons quel que soit le parcours qu’ils décident de suivre.
2/ La mission de Teach for Belgium est de lutter contre les iniquités scolaires pour qu’un jour, tous les élèves aient les mêmes chances de réussite, quelle que soit leur origine socio-économique. En quoi la formation d’enseignants à travers votre programme permet de parvenir à cet objectif ?
Il y a plein de choses qui peuvent être faites pour œuvrer à plus d’équité scolaire ; agir sur le marché scolaire, sur le redoublement, … Nous nous focalisons sur les enseignants, car nous croyons en leur potentiel à enseigner, motiver, donner confiance, tirer les élèves vers le haut. Ils peuvent ainsi avoir un impact sur le redoublement, qui est une catastrophe en Belgique !
3/ 30 à 40% des enseignants quittent le métier dans les deux premières années, tandis que, parmi vos 300 enseignants formés depuis 2013, 80 % sont toujours actifs dans le secteur de l’éducation et 67 % continuent d’enseigner. Qu’est-ce qui, selon toi, explique ce taux d’abandon et que met Teach for Belgium en place pour le diminuer ?
Premièrement, nous nous focalisons sur les matières en pénurie, où il est plus facile de trouver un temps plein dans une seule école. Beaucoup d’enseignants abandonnent parce qu’ils ont des horaires horribles, répartis sur plusieurs implantations, sans aucune sûreté d’emploi. Nous avons la chance de pouvoir proposer des temps plein à nos participants, dans une à deux écoles maximum.
De plus, les enseignants sont souvent seuls dans leur classe, alors que Teach for Belgium cultive un esprit de cohorte pendant deux ans. Les participants font partie d’un groupe, ils peuvent s’y soutenir, échanger leurs frustrations, leurs challenges, leurs joies. Il y a aussi cette présence d’un tuteur, qui vient les observer et leur donner des retours et des conseils sur comment améliorer leur cours afin que tous les élèves apprennent durant leur leçon.
Enfin, parmi les 80% qui restent actifs dans l’enseignement, certains arrêtent d’enseigner pendant un temps pour travailler dans un autre domaine toujours en lien avec l’enseignement, les jeunes, l’équité, … Par exemple, certains vont rejoindre une association, un cabinet, vont prendre des rôles de coordination dans leur école, … Et parfois, ils décident de retourner en classe un peu plus tard. Cela arrive. Le système actuel ne valorise malheureusement pas encore cette mobilité, mais nous encourageons nos alumni à faire des ponts, à essayer différents métiers car trouvons cela très enrichissant pour tout le monde.
4/ Plutôt que de se substituer à la formation initiale des enseignants, Teach for Belgium se veut plutôt un espace pour tester de nouveaux outils, que vous propagez lorsqu’ils fonctionnent. As-tu un exemple d’une méthode innovante mise en place ?
L’outil principal que l’on a développé est le coaching de nos enseignants débutants par un tuteur. On remarque que dans beaucoup d’écoles, il existe déjà une personne chargée d’accompagner les nouveaux enseignants, mais elle se retrouve souvent démunie et ne sait pas trop quoi mettre en place. Notre force réside dans ce que nous avons développé autour du rôle du mentor, c’est ce que nous avons de plus abouti.
5/ Qu’as-tu envie de dire à ceux qui hésitent à se lancer dans le programme Teach for Belgium ?
Si ce sont des personnes motivées qui souhaitent avoir un impact positif sur les jeunes de demain, faire partie d’un groupe et être soutenus, alors lancez-vous !
Merci Nada ! Vous souhaitez vous lancer dans l’enseignement, tout en étant accompagné, coaché et entouré de pairs ? Retrouvez plus d’informations sur le site de Teach for Belgium. Une séance d’information est prévue le 13 septembre, inscrivez-vous !
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