AlterEducS, transformer la garderie en accueil extrascolaire

En 2018, Christophe Bihin et Christian Uwineza se sont lancés dans l’aventure AlterEducS, une ASBL qui propose un format innovant d’accueil extrascolaire. En agissant sur les temps en dehors de la classe, ils entendent avec leurs équipes améliorer les communautés de vie des citoyen.ne.s de demain. Retour sur le parcours, la vision et l’ambition d’AlterEducS avec son cofondateur Christophe Bihin.

 

1/ Bonjour Christophe ! Avant de vous lancer dans l’aventure AlterEducS, toi et Christian étiez animateurs scolaire. Quels constats y avez-vous faits ? Quelles étaient les forces motrices qui vous ont poussé à créer l’ASBL ?

 

C’est à l’école Saint-Joseph Boondael que Christian et moi nous sommes rencontrés, lorsqu’il y était animateur extrascolaire et que j’intervenais pour Pro Velo. Christian souhaitait développer un projet pédagogique pour les temps libres, et lorsque Marc Decastiau est devenu directeur de Saint-Joseph Boondael, il lui a donné carte blanche pour son ambition pédagogique. C’est à ce moment-là que la garderie a laissé place à l’accueil extrascolaire.

 

Lorsque j’ai intégré l’école, nous avions des envies de cohérence pédagogique entre les temps scolaire et extrascolaire, mais pas de moyens. De là est venue l’idée avec Christian de créer une ASBL, et AlterEducS a vu le jour en 2018.

 

2/ AlterEducS a pour but de redonner du sens au temps libre des enfants en transformant le secteur de l’accueil extrascolaire. Comment cela se concrétise ?

 

On a pour habitude de co-construire les projets avec les écoles avec lesquelles on travaille. Nous avons des écoles à pédagogie active, d’autres traditionnelles, avec des niveaux socio-économiques très différents. L’année dernière, on travaillait avec sept écoles, et chaque projet était spécifique à l’implantation. Nous proposons soit des activités uniquement pendant les temps libres, ce qu’on appelle extrascolaire, soit des activités parascolaires, où les parents s’inscrivent à l’année à une activité spécifique. 

 

Avec nos équipes d’animateur.rice.s que l’on forme, on essaye de créer l’environnement le plus chaleureux possible, avec des activités libres. Le principe est d’encadrer sans jamais diriger, de manière à ce que l’enfant se développe et grandit par le jeu spontané et libre. C’est important que le temps libre et les animations soient organisés en fonction des besoins et des rythmes cognitifs biologiques de l’enfant.

 

3/ Pourquoi s’intéresser au temps extrascolaire ? Qu’est ce qui se joue à ce moment-là ?

 

Il y a un besoin social et sociétal énorme de soutien dans les moments entre le temps scolaire cadré, avec des apprentissages et une didactique, et le temps de midi ou à la maison. Cette transition d’entre-deux doit être la plus douce possible, c’est très important dans le développement socio-affectif de l’enfant.

 

La bienveillance et la flexibilité des équipes d’animation va faire que l’enfant se sente bien et que la communication entre le corps enseignant, l’équipe extrascolaire et les parents se passe au mieux. Les enfants sont alors en confiance et ça a un impact très positif sur leurs apprentissages et sur la vie de communauté à l’école. Sans ce liant, ils vivent des ruptures dans leur journée, elle n’a pas de cohérence.

 

4/ Quelles valeurs souhaitez-vous transmettre ?

 

Nous sommes focalisés sur l’enfant, c’est d’ailleurs notre slogan : “à la hauteur de l’enfance”. Pour qu’il se sente le mieux possible et soit dans un cadre de vie qui lui convienne, on crée une communauté de vie à l’école par le biais des activités et du temps libre. Tous ces moments ritualisés, qui donnent du sens à notre journée, permettent à l’enfant d’avoir un équilibre chrono-biologique le plus sain possible. Il pourra alors développer des compétences telles que le vivre ensemble.

 

Nous accordons beaucoup d’importance à l’alliance éducative, c’est-à-dire ce travail en commun avec tous les acteurs de l’école et les parents. Nous essayons vraiment de créer du lien avec eux, que ce ne soient pas des clients, mais des partenaires. C’est important pour l’enfant de voir que c’est une équipe d’adultes qui vont tous dans le même sens.

Nous veillons également à la posture de l’animateur.rice. Sans pour autant faire de l’encadrement individuel, on peut montrer à l’enfant qu’il peut nous faire confiance, nous demander de l’aide, ou jouer avec nous. C’est également beaucoup plus agréable pour les professionnels.

 

5/ À deux semaines de la rentrée scolaire, que pouvons-nous vous souhaiter ?

 

On espère de tout coeur avoir une année normale. Notre travail a été énormément impacté, notamment par les masques. C’est très compliqué pour les enfants de créer du lien sans le langage non-verbal. Le manque de contact avec les parents a également réellement affaibli cette alliance éducative. Avec cette année si chamboulée, ça va mettre des mois, des années à rattraper le coup. Nous espérons donc pouvoir recréer ce lien précieux avec les adultes et les enfants. 

 

 

Merci beaucoup Christophe ! Pour en savoir plus, rendez-vous sur www.altereducs.org. Et pour les rencontrer lors d’un moment convivial, rendez-vous le 25 septembre pour leur festival “On n’est pas là pour se faire engueuler”.